Interview – Christine Sauzier, Chairperson

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Interview – Christine Sauzier, Chairperson
  1. Lors du Breakfast meeting de la Mauritius Institute of Directors, plusieurs sujets relatifs à la bonne gouvernance dans les entreprises ont été évoqués. Dans cette ère de reconstruction, pourquoi est-il important pour le secteur public et le privé d’adopter les meilleures pratiques ?

Comme nous le savons tous, une gouvernance d’entreprise solide et efficace contribue à cultiver une culture d’entreprise d’intégrité, conduisant à des performances positives et à une entreprise globalement durable.

2020 a été une année exceptionnelle.  Elle a été marquée par l’impact de la pandémie de la COVID-19 qui a affecté les sociétés et les économies du monde entier et qui remodèlera de façon permanente notre monde, y compris l’île Maurice. Diriger une entreprise au milieu d’une pandémie a été un défi sans précédent pour nos chefs d’entreprise. Les restrictions imposées par les autorités dans la gestion de l’épidémie soulèvent des défis importants en matière de gouvernance d’entreprise.

L’objectif de la table ronde était de mettre ces défis en exergue et de partager des expériences pertinentes et des enseignements clés. Chaque panéliste a exprimé son point de vue et des perspectives constructives sur l’opportunité de réviser le code de bonne gouvernance, sur les défis majeurs auxquels sont confrontés les conseils d’administration en ces temps difficiles, la gouvernance du secteur public, la question de rémunération d’actionnaires et la composition et diversité des conseils.

  1. Il y a ces jours-ci une certaine perception que les corps parapublics sont mal administrés et qu’ils sont minés par l’ingérence politique. Vos commentaires ?

Notre mission n’est pas de critiquer mais de construire l’avenir. La MIoD est un ‘agent of change’, axé sur les principaux problèmes de gouvernance d’entreprise, encourageant les pratiques commerciales les plus élevées pour les administrateurs et les futurs dirigeants.

Nous proposons des formations et des services tant au secteur public que privé et nous cherchons à nous rapprocher des institutions publiques et parapubliques. Pour moi, il est une évidence que, dans un moment de crise, nous devons nous entraider et chercher les solutions ensemble en ayant à cœur le respect de nos lois et les pratiques internationales de bonne gouvernance.

D’ailleurs, nous avons vu nombre d’Etats venir à l’aide des entreprises privées lors de la dernière crise sanitaire. En l’absence de cette aide, nombreux sont ceux qui auraient perdu leur emploi et les entreprises mis la clé sous la porte. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain ! Tout est une question de mesure.

  1. Singapour est souvent citée comme modèle. Or, le géant asiatique a bâti son succès sur une administration rigoureuse de ses institutions publiques et parapubliques. Si Maurice ambitionne d’emprunter réellement le même chemin, ne faudrait-il pas une réforme en profondeur de ses institutions ?

Nous devons sans cesse nous remettre en question pour évoluer. En l’occurrence, toute réforme des institutions doit passer par une révision de notre arsenal juridique et de nos lois car les nominations ministérielles y sont inscrites. Sans cadre légal approprié et une administration indépendante de la justice, nous n’aurons pas les moyens de notre ambition ! je pousserai même le bouchon pour dire que cette remarque s’applique également à la presse qui doit être l’un des derniers remparts de la démocratie. Le principe de séparation des pouvoirs entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire est fondamental et chacun doit jouer pleinement son rôle. Comme disait si bien Montesquieu : «Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. »

  1. Il a été évoqué durant le panel de discussion qu’outre le fait que les 8 principes de la bonne gouvernance ne changent pas, les conseils de direction doivent aussi mettre l’accent sur la formation de leur personnel. Pourquoi est-ce si important de valoriser la notion du capital humain?

Les principes resteraient lettre morte s’ils n’étaient pas mis en œuvre par les humains… les rédacteurs de notre code de bonne gouvernance a choisi la simplicité par l’adoption de 8 principes assez succincts mais qu’il faut appliquer et expliquer (« Apply and Explain Rule »). Il faut interpréter les « guidance notes » pour adapter les principes aux réalités de chaque entreprise. De plus, avec la Covid, nous voyons se dessiner de nouvelles tendances pour la bonne gouvernance, notamment 3 principales qu’a relevé Mme Jane Valls, directrice du GCC Board Institute, lors du dernier forum :

  1. Le « Corporate Culture and Strategy »
  2. Le “Corporate Culture”
  3. “ESG and Stakeholder Governance”

Toutes ces nouvelles tendances nous ramènent à l’humain et une entreprise pour être performante devra motiver et former ces équipes pour être à même d’implémenter sa stratégie.

  1. Plus que jamais, la communication est appelée à jouer un rôle primordial dans les organisations. Ainsi, il est conseillé vivement aux conseils de direction et aux administrateurs d’avoir une ligne de communication transparente avec leurs collaborateurs. Comment mener à bien cet exercice ?

Il est vrai que la crise sanitaire a obligé les employés à travailler de chez eux et les patrons d’entreprises et les équipes de management ont dû réinventer leurs méthodes de travail. Il s’est avéré nécessaire de rassurer les équipes et de communiquer sur les problèmes de l’entreprise. Les employés ont besoin d’objectifs (de « purpose ») pour travailler.

A noter que dans un environnement commercial, une communication précise à tous les niveaux est fondamentale pour la productivité et la performance, mais avec une grande partie de la main-d’œuvre travaillant à distance, de nombreuses entreprises trouvent cela plus difficile que d’habitude. Il ne s’agit pas d’avoir toutes les réponses ou de communiquer uniquement lorsqu’il y a de bonnes nouvelles à annoncer, mais plutôt d’honnêteté sur les défis exceptionnels auxquels nous sommes tous confrontés, les mesures prises pour les relever et les obstacles inévitables et reculs qui peuvent survenir en cours de route.

Quoi de plus naturel d’utiliser la communication virtuelle de nos jours, le vrai challenge sera de retrouver les partages et les moments partagés en personne !

  1.  Plus globalement, nous constatons que la culture d’entreprise a elle-même changé. Quelles sont vos observations ?

Comme indiqué plus haut, de nouvelles orientations se dessinent pour 2021 et influencent la culture d’entreprise. Il y a définitivement plus d’accent sur le rôle social des entreprises, sur l’humain (car nous voyons les dégâts de la crise sur certaines familles qui ont perdu leurs revenus ou qui souffrent d’une forte baisse de salaires) mais aussi sur l’environnement.

Les entreprises se sentent responsables et font de leur mieux pour remplir leur devoir vis-à-vis de la société tout en préservant un équilibre envers leurs actionnaires, car, sans ces derniers, il n’y aurait pas d’entreprises.

A la MIOD, nous sommes bien conscients de cette nouvelle réalité et notre rôle est de sensibiliser nos membres à l’importance de la gouvernance d’entreprise car il ne faut pas oublier qu’ une culture d’entreprise forte, renforcée par des pratiques de gouvernance efficaces, est plus importante que jamais en cette période post-pandémique.

 

 

 

 

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